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LA QUINZAINE LITTERAIRE (16 au 31 mars 1978)

Les écrivains " beats "


Au moment où plusieurs œuvres des écrivains " beats " sont traduites en français, ces deux volumes constituent une introduction indispensable à la compréhension de ce mouvement socio-cuturel qui, dans les années 50-60, lbéra véritablement l'Amérique.

Jacqueline Starer a exploré la vie et les œuvres de Burroughs, Corso, Ginsberg, Kerouac, Snyder et quelques autres afin de dégager l'importance du thème du voyage pour ces écrivains. Voyage en Amérique, en Europe, en Orient, en Afrique du Nord, mais surtout voyage intérieur grâce aux drogues, à la psychiatrie, à la méditation et au langage. L'auteur souligne justement que, contrairement à ceux de la " Génération perdue ", les écrivains " beats " n'ont jamais pensé s'expatrier, malgré leurs sentiments ambigus pour les Etats-Unis, ce " cauchemar climatisé " . Car " c'est l'Amérique aimée et détestée qui les sollicite sans cesse. " Tôt ou tard, après l'expérience enrichissante du voyage à l'étranger, ils retournent aux Etats-Unis et, plus étonnant chez ces marginaux, à la cellule familiale.

Après l'initiation masculine (la quête de l'indépendance, de la liberté, de l'immortalité) loin de la femme dont ils ont une image traditionnelle et " dont ils trouvent normal de ne pas s'encombrer ", ils découvrent que " l'Amérique leur était indispensable, qu'ils lui appartenaient, qu'ils en faisaient irrévocablement partie ? " Entre-temps, ils ont connu le Mexique, " paradis de l'homosexualité et de la drogue " pour Burroughs, l'Europe admirée mais rarement aimée sans mélange (sauf par Kerouac d'origine bretonne) et l'Orient d'où vient le zen libérateur.

Fondés sur les œuvres des écrivains " beats " et sur des entretiens inédits accordés à l'auteur, ces deux volumes qui contiennent d'autre part une iconographie intéressante, nous apparaissent comme un remarquable complément aux rares ouvrages d'ensemble en anglais sur ce sujet.

G.-M. Sarotte